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Chantier

A force de Volonté !

Textes de Florence Keryell

Fin octobre, nous avons sorti Volonté de l’eau, joué des coudes avec Gondawa qui trônait au milieu du hangar et réclamé notre part de l’abri…La cohabitation d’ailleurs fut fort sympathique avec échanges de « travailleur.e.s » et déjeuners partageurs quasi gastronomiques… 

 Donc au programme, pour les amoureux du lexique précis, nous avions: le remplacement de la fargue et d’une partie du carreau (répondant aussi au nom de bordés supérieurs à clin), de quelques  » jambettes en poireau » (beaucoup plus poétique que renforts de portières), de petits bouts de plat-bord, la rénovation des planchers, et le replacement de la queue de malet décentrée (qui serait quand même plus efficace si on la décalait de quelques centimètres…).

Le premier travail a été de déposer la préceinte babord qui va être entièrement refaite

Comme d’habitude, il y a eu sur Volonté de grands renforts de bras pour nettoyer, gratter, démonter les  » bouts de bois » cassés, sous les conseils de notre Maître Yvon. Repérage, annotation, brochetage, c’est du sérieux. .. Comme sur l’eau , le moral des troupes fut soutenu par les lichouseries du gouter (aaahh, le far de Jean-Claude…), notre moment collectif qui permet un « pti debrief » des progrès (ou non…!), et de faire plus ample connaissance avec les nouvelles et nouveaux, comme Virginia,  Rose, Bastien, venus renforcer l’équipe.

Enfin, enfin, la dernière portière a été découpée, bliouz et lissage terminés, et les artistes peintres sont entrés en jeu pour la mise en beauté de la yole , rondement menée en 3 week-ends, un record. Et zou, après 5 mois de travaux, voilà Volonté  à l’eau, brillante de couleurs sous le soleil, parée de mâts neufs, entourée d’une grande équipe plutôt fière d’avoir réalisé ce chantier collectif.

Et maintenant?…on navigue!

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Chantier

Du « lipig » à l’ocre et au cachou pour les voiles d’An Eostig…

La recette pour le tannage des voiles anciennes:

On remplit d’eau de mer, une grande marmite que l’on porte à ébullition, avec un apport supplémentaire de gros sel pour bien fixer la couleur. On ajoute le cachou (écorce d’acacia) qui apporte le tanin nécessaire à la protection des voiles et de la poudre d’ocre naturel, pour la couleur. Un peu de saindoux pour aider à l’imperméabilité; et même, parfois, une variante avec de la cire d’abeille, pour l’odeur et le fun…

Première opération: faire tremper les voiles…Et les remonter pour les étaler sur les estacades. Vu le poids des voiles d’An Eostig, le recrutement des forces vives de Treizour avait été nécessaire, ce jour-là…

Il ne reste qu’à couvrir la voila du fameux lipig et à le faire pénétrer dans la toile avec des balais-brosses.

Ne jamais arrêter de touiller, sinon l’ocre reste au fond et durcit

Quand les voiles ont bien été brossées, la tentation est toujours forte de plonger dans le fond de la marmite, de vieilles vareuses, ou des t-shirts pour leur donner une deuxième jeunesse.

Une fois que le lipig a bien couvert toute la surface, on roule les voiles dans une bâche. Au bout de quelques jours, on les étale à nouveau pour essayer d’homogénéiser la couleur à coup de balais-brosses.

Direction la mer pour rincer abondamment: encore plus lourde, la voile mouillée et tannée.

Il se dit que quand il a fallu mettre les voiles à sécher sous la structure qui a servi à la restauration d’An Eostig, il ne restait que Marcos et Choco pour cette délicate manœuvre… Merci à eux !

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Navigation

An Eostig navigue !

Le 14 septembre 2023, il avait été dit : An Eostig naviguera ! Et le mardi 20 février 2024, An Eostig a fait sa sortie inaugurale avec l’équipe technique du musée, comme équipage et quelques treizouriens…

Laurent Perhérin à la manœuvre sur une prame pour passer le môle du Birou et pour analyser le comportement de la chaloupe sous voiles.

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Événement

An Eostig, toute une histoire …

Dix ans après la construction du Telenn-Mor par l’association Treizour, une autre authentique chaloupe sardinière bretonne a été mise à l’eau en 1993. Comme Telenn mor, elle fut conçue par l’architecte naval Jean-Pierre Philippe et construite dans le cadre du concours « Patrimoine des côtes et fleuves de France », patronné par le magazine Chasse-marée. Elle a pris le nom de An Eostig (« le rossignol » en breton), comme l’anse de Pors An Eostig, dans la ria de Pouldavid.

Les premières navigations ont laissé le souvenir d’un bateau difficile d’accès. C’est pourquoi, la chaloupe est restée près de 30 ans, sans naviguer, amarrée au ponton du musée. En 2019, sortie d’eau pour l’entretien annuel du bateau, il semble qu’il faille intervenir sur les œuvres mortes, après l’intervention sur les œuvres vives effectuées l’année précédente. Le bateau ne pouvant être remis à l’eau, la décision est prise d’effectuer une restauration complète. On constate, alors, une attaque généralisée de champignons des bois neufs et anciens.

Le public est invité à suivre le chantier, simples passants, groupes scolaires, visiteurs du Port-musée, visiteurs de l’office du tourisme, chacun peut découvrir les particularités de la construction navale et échanger avec les charpentiers. Les travaux sont réalisés pour rendre de la navigabilité au navire; ce choix permet de reprendre les navigations, comme celles réalisées en 1993 avec Treizour et le centre nautique.

Extrait de l’allocution de Jocelyne Poitevin, maire, lors de la mise à l’eau officielle, le 14 septembre 2023 :« Je souhaite saluer le travail des agents du Port-musée. Grâce à eux, ce bateau, qui était bien malade, a aujourd’hui fière allure. Le Port-musée a un savoir-faire qu’il faut s’approprier. C’est une structure vivante, qui bouge et redonne vie à des navires. An Eostig naviguera et représentera la ville de Douarnenez, lors des fêtes maritimes 2024. Merci également aux associations qui l’anime.»

Et, l’association qui l’anime, c’est Treizour ! Extrait de la convention entre la ville de Douarnenez et Treizour:

« L’association Treizour, amis du port-musée, se propose de fournir les équipiers nécessaires à la navigation: La chaloupe étant un bateau municipal, la formation de l’équipage sera assurée par du personnel communal. Treizour apportera son soutien logistique et son savoir-faire pour la pose du lest à l’intérieur de la chaloupe et le tannage des voiles.»

Et donc, samedi 27 février, nous avons envahi le pont du Nizwa (boutre de la mer d’Oman) dont Jocelyn, le propriétaire, a offert les 2 tonnes de lest de son bateau pour lester An Eostig qui n’avait pas été lestée, à l’origine…

Laurent P. nous avait prévenu : bottes et gants de rigueur l’avertissement n’était pas inutile… Peut-être plusieurs dizaines (on n’a pas compté) de sacs, à moitié crevés et baignant dans une eau noirâtre. Au gré de ses choix, chacun a opté pour une des issues qui semblaient accéder à la cale.

A droite de la photo, un accès pour « petits modèles », car elles se sont aperçues que pour remonter, il fallait choisir entre l’épaule et le sac…d’où le travail d’équipe !

Le « modus operandi » choisi par Laurent était de transborder les sacs sur un ponton installé à couple du Nizwa et d’amener le tout à couple d’An Eostig

Le nombre et l’efficacité des treizouriens ont permis à la phase suivante de se réaliser dans la foulée, à la grande satisfaction de Laurent: transborder tous les sacs du ponton, sur le pont d’An Eostig

Il restait à doubler les anciens sacs percés par des sacs neufs et de ficeler le tout, avec du bout de récup’…

Après coup, nous avons évalué que chaque sac a dû être manipulé une bonne dizaine de fois. Soit un total de 20 tonnes passées dans des bras treizouriens…