A l’automne 2019, l’association Treizour de Douarnenez avait lancé un chantier de construction participatif et éducatif. Objectif : réaliser la première réplique navigante d’un canot de pêche comme il y en avait des milliers tout le long des côtes de Cornouaille à l’aube du XXe siècle ; il avait totalement disparu et n’avait jamais été reconstruit jusqu’à ce jour.
En attendant de le baptiser Joséphine, nous l’avions désigné par « l’immatriculation » D21.
Le projet était de construire un canot ouvert de 7 mètres, avec un gréement de chaloupe et un arrière à tableau, dans le style de ceux qui étaient produits en grand nombre dans les années 1890-1895. Ses voiles au tiers sont complétées d’avirons, à l’exclusion de toute autre propulsion auxiliaire – comme un moteur, par exemple.
Les plans de D21 avaient été confiés à l’architecte François Vivier, qui a travaillé en s’appuyant sur les recherches de référence publiées dans « Ar Vag » et les dessins de Claude Maho.
Réception du bois tors pour les membrures
Les premières varangues
La quille et l’étambot
Couples et varangues
Pourquoi un nouveau bateau pour Treizour ?
Nos navires amiraux Telenn Mor et Volonté, victimes de leur succès, ont un programme déjà bien chargé. Et tout porte à croire que cette tendance va s’affirmer.
Ce nouveau projet répondait à notre besoin d’un bateau qui serve de support de formation et d’entraînement complémentaire plus léger.
Sa manœuvre est identique à celle de la chaloupe mais plus aisée, puisque les voiles sont plus petites et que ses formes en font un bateau beaucoup moins ardent, donc facile à barrer même dans la brise. À l’aviron, il est aussi plus facile puisque son déplacement est bien moindre. Il se veut plus ouvert aux navigations de participants moins nombreux, moins costauds ou moins âgés. Il permet à de nouvelles personnes, enfants compris, d’exercer ce qu’ils apprennent avec nous sur l’eau et de prendre de plus grandes responsabilités.
Et enfin, ce chantier a servi de support éducatif à tous ceux et celles qui ont voulu apprendre à construire et gréer un bateau traditionnel.
Le projet représentait la promesse d’un chantier passionnant et de navigations riches en apprentissage, en éducation et en aventures pour les membres de Treizour, présents et à venir.
Et, qui sait, le premier d’une nombreuse lignée que nous avons eu la fierté d’inaugurer le 16 juillet 2022.
Le chantier en détail…
La construction avait été planifiée pour se dérouler du printemps 2020 jusqu’au printemps 2022.
Le chantier s’est tenu dans les locaux de Treizour au Port-Rhu. Grands seigneurs, nos amis et voisins du Skellig : « Un langoustier pour Douarnenez », ont proposé de nous recevoir dans leur atelier, sur leurs machines ; ils sont magnifiquement équipés pour tous les débits et le travail où une raboteuse-dégauchisseuse et une scie à ruban et autres sont nécessaires
La construction à proprement parler a été dirigée par les charpentiers de marine : Yvon Marseault et Sammy Bertoliatti. Sur le chantier, ils ont été en binôme pour encadrer le bazar, présents alternativement les vendredis et samedis. Deux jours de travail par semaine et des sessions d’une semaine complète, surtout à l’approche de la date de mise à l’eau prévue le 21 juin 2022
Mais ce sont bien des membres de Treizour qui ont construit le canot (qu’ils étaient déjà adhérents ou qu’ils nous ont rejoints pour participer à ce projet). Certains étaient déjà des charpentiers de marine professionnels, pour la plupart formés aux Ateliers de l’Enfer ; d’autres en retraite, mais tous avaient un vrai savoir-faire ou une vraie expérience. C’était le cas de nos amis des associations de Skellig ou Charpentiers de grève, qui avaient proposé de nous accompagner dans cette aventure. Tous ceux-là ont pu à la fois se perfectionner et travailler en encadrant l’apprentissage des charpentiers débutants.
Membrure et préparation du tableau arrière
Les lisses
Le bordage
La pause photo…
Et cerises sur les gâteaux et fars de Jean-Claude: les repas partageurs du midi…
La fabrication des voiles a donné lieu également à un chantier participatif organisé par l’association les Aiguilles sous roches, où ceux qui voulaient apprendre ont pu bénéficier de l’encadrement de nos membres voiliers et voilières expérimenté.e.s.
Le plancher
Le safran
Thierry forge les clous qui fixeront la bande molle
Pose de la barre et dernières finitions avant la mise à l’eau.
L’ équipe des voilières.
16 juillet 2022, le baptême de Joséphine
Une partie des Treizouriens qui ont chaleureusement participé à la réalisation de ce qui paraissait être une utopie…
Et on a financé ça comment ?
Pour chiffrer le coût du chantier (budget estimé: 55 000 €), nous nous étions appuyés sur l’expertise de nos amis des Ateliers de l’Enfer. Le minimum nécessaire au démarrage du chantier (architecte et premières commandes de bois) a été fourni par la trésorerie de l’association.
Puis toutes les sources de financements classiques ont été exploitées (dons internes à Treizour, financements public, mécénat d’entreprise, sponsoring, évènements festifs et autres « marchandisings »…).