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Le Rossignol s’est envolé !

Photo Nedjma Berder

Par un canular de la météo, le premier avril, jour programmé pour sa première sortie de formation, la chaloupe An Eostig (« le rossignol » en breton) est… restée à quai.
Mais trois jours plus tard, elle fait fi du ciel chargé et des risées à 25 nœuds pour s’élancer vers la baie.

Les deux formateurs de la mairie, Bruno Lehuédé du Port-Musée, et Nicolas Corre du Centre nautique, sont au taquet, comme toujours.

Bruno ou « Bubune » prend la prame motorisée pour sortir le géant du chenal, tandis que Nicolas aka « Choco » organise les manœuvres à bord, selon un plan minutieusement préparé, où chaque membre d’équipage de l’association Treizour a un rôle bien défini.

Le vent capricieux et la prise en main d’un nouveau bateau imposent la prudence. Les capitaines décident donc de prendre cinq ris dans chaque voile pour assurer la sécurité et la sérénité de ce premier entraînement sur le navire ambassadeur de la ville de Douarnenez, sorti en septembre des chantiers de rénovation du Port-Musée et qui doit participer en juillet aux Fêtes maritimes de Brest et Douarnenez.

A terre, nombreux sont ceux qui observent la silhouette familière de la chaloupe à la coque noire et aux voiles cuivrées, tannées de frais par les Treizouriens. Dans son sillage, à bord d’un autre bateau, le plus curieux d’entre eux, Nedjma Berder, nous couve des yeux avec son téléobjectif.

Une grande concentration (et une petite appréhension) sur ce navire réputé « exigeant et bestial » règne au sein d’un équipage aussi content que fébrile d’assurer « LA première nav’ ».
An Eostig c’est le bateau de l’effort collectif et coordonné car sur cette chaloupe XL il est impossible d’être seul à porter une vergue ou à hisser une voile. Il faut se répartir dans l’espace, trouver un rythme commun… La préparation au cordeau des capitaines avec plans plastifiés du bateau et numéros de poste est d’une très grande aide.

Passé le môle du Birou, Bruno coupe le cordon, un frémissement parcourt le bateau qui vole enfin de ses propres ailes. 

Premier test : un virement de bord. Simon, notre grand timonier du jour, envoie la barre… la misaine passe et atterrit sans un faux pli (ou presque) de l’autre côté ! 
Un râle enthousiaste de l’équipage, soulagé et heureux de cette première manœuvre réussie avec souplesse salue cette étape clé.

Les visages des deux chefs se détendent un brin.

A la barre, Guillaume prend le relais. Et alors, ça se pilote comment ? « Comme une mobylette ! », déclare-t-il hilare, déclenchant un grand rire aux abords du tolenn.

Quand tout le monde est rassuré, Bubune quitte la barquette à moteur pour nous rejoindre sur le dance floor !
Après un petit tour d’inspection de Bruno, ponctué de « Non, ça me plaît pas ça ! », et de quelques petits arrangements dans la bonne humeur avec notre fureteur/bricoleur/second de l’avant Jacques, la 2e étape des manœuvres commence : affaler, rehisser les deux voiles !

La misaine ouvre le bal. Petit conciliabule des équipiers de l’avant avec Nicolas et la voile descend tranquillement.
Un cabillot en métal nous fait quelques misères : Il se retrouve ni une ni deux habillé d’une bouée de sauvetage par Choco, non sans une blague : « si le mât tombe à l’eau, il aura son aide à la flottaison » !

Deuxième conciliabule avec les chefs et la remontée de la misaine s’amorce : un deux trois, hisse, un deux trois… la misaine reprend le vent sans encombre.

Entre-temps le soleil a fait son apparition, saluant notre arrivée dans l’écrin du Rosmeur. Un deux-mâts en visite nous offre un point de rotation, le capitaine nous regarde passer. Curiosité mutuelle entre deux vieux machins qui en imposent sacrément.

C’est au tour du Taille Vent de faire l’aller-retour. Ça discute, ça se cale, ça descend, ça remonte sans encombres… même si le point d’écoute reste perfectible.

La feuille de bord du jour est quasiment remplie, une petite détente gagne l’équipage.
« On peut larguer un ris », tente Jacques… pas aujourd’hui répond en souriant Nicolas. Pas de ris en moins pour la chaloupe mais un rire en plus sur le pont !

Quand trois heures plus tard, tout le monde remet pied à terre, les sourires sont larges, la joie est sans nuages : Pas d’accroc notable dans les manœuvres, une coordination fluide, un bateau puissant mais très stable qui offre de belles sensations et fait mentir sa réputation de navire « bestial ».
La magie a opéré, en version XL aussi, l’équipage et ses capitaines ont eu du goût, la grande aventure collective a bel et bien commencé !

Un grand merci à Nedjma Berder.