L’un des objectifs principaux du projet D21 est la création d’une série de canots, les plans de François Vivier étant mis à la disposition de tous, qu’ils soient professionnels, apprentis ou amateurs.
Nous lançons dès à présent un défi à toutes les écoles de charpenterie pour 2022, avec un rendez-vous deux ans plus tard aux fêtes maritimes de Douarnenez de l’été 2024, pour le premier rassemblement de ces canots.
L’association Treizour lance la construction d’un canot traditionnel à gréement de chaloupe, qui ambitionne de faire encore plus d’émules que le Telenn Mor, parce qu’il n’y aura pas besoin d’être costaud ou aguerri pour s’en emparer. Le projet en cinq points.
1. Telenn Mor : le poids des ans
« Et si on en fabriquait un autre, plus léger ? ». D’après
Claude Péron, l’un des cinq coprésidents de Treizour, tout est parti du
fait que le Telenn Mor, c’est un bateau lourd à manœuvrer. C’est ce
qu’ont constaté des stagiaires des ateliers de l’Enfer, en formation de
navigation à bord de la chaloupe, avec Nicolas Corre, salarié du centre
nautique et autre figure de l’exécutif bénévole de Treizour. Si ce
dernier est suffisamment chevronné pour conduire la bête tout seul, il
faut généralement être au moins trois pour assurer les manœuvres de
base. Rappelons que le Telenn Mor ne navigue qu’à la voile ou à
l’aviron. Pour quitter le mouillage, c’est déjà du sport.
2. Nom de code : D21
L’idée
n’est pas restée lettre morte. En décembre, le conseil d’administration
de Treizour a acté le principe de lancer un chantier collectif, pour la
construction d’un nouveau bateau, plus petit. Nom de code pour le temps
de sa construction : D21. D comme Douarnenez et 21 comme 2021, année
prévue du lancement.
3. Sous le signe de l’apprentissage
« Les membres de l’association travailleront sous la houlette de constructeurs confirmés, habitués à l’encadrement de chantiers collectifs. Le bateau servira de support de navigation et de formation, en complément de nos bateaux actuels, explique de son côté Jacques van Geen. Quoi de mieux que de construire un nouveau bateau de nos mains ? On commence cet hiver et on présente le travail de charpente au public de Temps Fête 2020. C’est une nouvelle œuvre commune, la première unité construite par les adhérents », se réjouit le passionné. Un architecte, François Vivier, est déjà en train d’établir les plans.
Quoi de mieux que de construire un nouveau bateau de nos mains ?
4. Un projet collectif
Le
chantier du Skellig, voisin de celui de Treizour, a déjà promis l’aide
de ses machines. Les adhérents de Sartijenn, ces férus de petits bateaux
traditionnels, ont dit qu’ils en seront. Le Chasse-Marée, les Ateliers
de l’Enfer et le Port-Musée aussi. « Le chantier naval Pleine Mer
envisage de construire un bateau-jumeau en parallèle, s’enthousiasme
Claude Péron. Tout le monde est à fond ! ». Le planning comprend déjà
des sessions pour les beaux jours avec journées au chantier et soirées
en mer. Les places seront chères !
5. Combien ça va coûter et qui va payer ?
Le coût estimé du projet s’élève à ce jour à 43 000 €. Un peu de la trésorerie de l’association sera mise pour amorcer la pompe, « c’est la moindre des choses », convient Jacques Van Geen, puis des demandes de subventions vont être faites, ainsi que des appels à mécénat et à dons, notamment via une plateforme de paiements en ligne sécurisée, par carte bancaire. Ce lundi, 5 130 € avaient déjà été collectés via d21.bzh, le site internet consacré au projet. Temps Fête s’est également engagé à apporter sa contribution financière à hauteur de 5 000 €.
PRATIQUE Dons par chèques (défiscalisables à hauteur de 66 % du montant total), à l’ordre de Treizour, 52, rue Henri-Barbusse, 29100 Douarnenez ou par internet via d21.bzh. Réunion de travail, vendredi 10 janvier, à 18 h 30, local de Treizour, boulevard du Général-de Gaulle.
En complément
Le projet? Un canot de Cornouaille
« D21, c’est la réplique d’un canot de Cornouaille, un bateau de pêche de 7 m qui a existé par milliers le long de nos côtes fin du XIXe siècle et qui a complètement disparu, explique Claude Péron. Il servait pour la coquille Saint-Jacques et, le reste de la saison, pour d’autres pêches côtières ». Polyvalent, ouvert et équipé voile-aviron, à l’exclusion de toute autre propulsion auxiliaire, c’est un bateau aussi technique à manœuvrer que le Telenn Mor mais, par ses dimensions réduites, bien plus facile à barrer, même par des enfants. Il promet de belles virées en baie
Le Telenn Mor pionnier il y a 37 ans
C’est la première réplique historique navigante d’un bateau de travail réalisée en France. Celle d’une chaloupe sardinière voile-aviron, celle des pêcheurs douarnenistes de la fin du XIXe. Construite puis lancée en 1983 par Treizour, le Telenn Mor est une unité d’une dizaine de mètres particulièrement ardente. Son nom signifie « Harpe de mer » en breton. Elle effectue près de 300 sorties par an, avec une dizaine de passagers à chaque fois, en partenariat avec le centre nautique municipal.
L’association Treizour à l’origine du Port-Musée
Fondée il y a quarante ans, l’association compte environ 150 membres. Treizour signifie « passeur » en breton. Une de ses premières réalisations a consisté à réunir la collection qui a permis de créer le premier Musée du bateau, qui a donné naissance au Port-Musée. Aujourd’hui, Treizour a recentré son activité sur la formation et l’entraînement à la navigation sur des embarcations traditionnelles de type voile-aviron. À bord du Telenn Mor et du Volonté, une grande yole de Bantry à trois mâts, bordant une dizaine d’avirons. L’association possède également la yole Amitié et l’An Alarc’h, une yole de Ness, bateau de pêche des îles Shetland.
50 € pour un ballot d’étoupe pour le calfatage, 100 € pour un m² de voile, 1 000 € pour un m³ de chêne pour le bordage… Sur le site dédié au canot sardinier D21,
tout est budgété au cordeau, grâce à l’expertise des Ateliers de
l’Enfer. 43 350 € sont nécessaires pour construire le bateau. Ce
dimanche 5 janvier, le compteur de la cagnotte en ligne affiche plus de
3 000 €. Un bon démarrage pour un très beau projet, qui voit s’associer
des acteurs majeurs de la vie maritime d’ici.
À l’origine de cette histoire, l’association Treizour. « L’association est déjà armateur de plusieurs bateaux. À chaque fois, ils ont marqué un démarrage. À titre d’exemple, Telenn Mor, lancé en 1983, est la toute première réplique navigante d’un bateau de travail français », rappelle Jacques van Geen, coprésident de Treizour.
« Des capitaines de 15 ans »
Depuis
trois ans, une dynamique nouvelle anime l’association qui a vu
plusieurs femmes et un public plus jeune rejoindre ses rangs, naviguer
sur Volonté, la yole de Bantry ou devenir cheffes et chefs de bord sur Telenn Mor. Reste qu’il est difficile de prendre régulièrement des responsabilités sur la chaloupe sardinière. « C’est
un bateau pensé pour un marin breton de 1905. Il n’y a pas de moteur et
sans vent, tu dois rentrer à l’aviron avec un bateau de six tonnes.
C’est balèze », souligne Jacques van Geen. Difficile pour un poids léger, un ancien ou un enfant de manœuvrer.
« Les utilitaires de la mer »
« Sur le canot, nous aurons des capitaines de 15 ans. Si on parle de transmission – Treizour signifie, en breton, passeur – il faut de jeunes équipières et équipiers pour prendre des responsabilités en autonomie », estime Jacques van Geen.
Répandus au début du siècle, de Camaret au Croisic, ces canots de pêche traditionnels « sont
passés sous les radars. Moins prestigieux et plus polyvalents que les
bateaux-rois de la sardine ou du thon, ces bateaux à tout faire, sorte
d’utilitaires de la mer, mobilisaient aussi moins de capital ».
Des plans par François Vivier
Les
plans de ce canot de 7 mètres à voilure divisée (une misaine et un
taille-vent) sont dessinés par François Vivier, architecte de renommée
internationale, référence pour un grand nombre de bateaux historiques
français. « Tant qu’à faire, on a fait appel au meilleur »,
expose Jacques van Geen. Car les plans, réglementaires, seront, avec
l’accord de l’architecte, mis à disposition gratuitement des
associations, écoles de charpente, écoles maritimes ou particuliers. Un
canot qui pourrait faire des petits, dans une logique d’émulation.
« Le meilleur outil de formation, sur l’eau, c’est plusieurs outils de
formation semblables, aux potentiels proches. Le même bateau, en
plusieurs exemplaires, c’est le gage d’une formation accélérée. Pas
seulement pour la régate mais parce que tu navigues à plusieurs, les
équipages tournent, tu observes comment s’y prennent les autres. »
Pour les débits et les machines, l’association Skellig, Un langoustier pour Douarnenez, accueille les bâtisseurs. « Un soutien décisif, tout comme les Ateliers de l’Enfer »,
note Jacques van Geen. Le chantier sera encadré par des charpentiers de
marine, coutumiers de l’exercice. Confirmés comme débutants passionnés,
tous les intéressés devraient pouvoir trouver leur place dans le
projet.
Un chantier à ciel ouvert pendant Temps Fête
Temps
Fête est aussi de la partie. Cet été, du 15 au 19 juillet, le chantier
du futur canot se déplacera du hangar de Treizour sur le Port-rhu
jusqu’au Rosmeur « avec une charpente déjà taillée. Quelque chose qui aura un air de bateau, en plein milieu de la fête ». Petits et grands pourront ainsi poser des questions en direct ou donner un coup de main sur le chantier à ciel ouvert.
Et le nom de ce canot sardinier ? « Pour l’instant c’est une simple immatriculation. On lui donnera un nom lors du baptême. » Le bateau devrait être lancé à la fin de l’été 2021, plus de 125 ans après le dernier de ses frères en construction.
Vendredi 10 janvier, à 18 h 30, réunion de travail, dans les locaux de Treizour.